Indret : Une fonderie de canons ( 1777 - 1828 )





Quoi dire sur ce site ?



Projet d'aménagement du site d'Indret qui sera retenu. Il est signé Toufaire et est daté de février 1778.
(Plan détenu par la Médiathèque Jacques Demy de Nantes)
Autre projet non retenu. Il est signé Bonvoux mais n'est pas daté. Il sera toutefois présenté au Ministre en novembre 1777 et s'avérera être très fortement inspiré du précédent qui était déjà bien avancé à ce moment-là.
(Plan en provenance d'une collection privée avec son aimable autorisation)



Indret était une petite île située au milieu de la Loire, une dizaine de kilomètres en aval de Nantes. Elle fait partie de la commune d'Indre qui se trouve sur la rive droite du fleuve (au nord). Il faudra attendre le milieu du XVIII° siècle pour voir des travaux destinés à améliorer le cours du fleuve, la relier à la rive sud par deux digues. Ces dernières avaient pour but de boucher par dépôts d'alluvions la zone comprise entre elles.

Peu de détails nous sont parvenus sur l'histoire très ancienne de ce lieu si ce n'est qu'Hermeland y vint vers 670 pour s'y éteindre 50 ans plus tard. Devenu propriété des ducs de Bretagne, il passa après le double mariage d'Anne de Bretagne avec deux rois de France, propriété royale. Un chantier de construction navale et un dépôt de bois furent implantés dans sa partie orientale.

Sous Louis XVI, la marine exsangue dut être reconstituée. Un homme Henri Mathieu Marchant de La Houlière se distingua et sa pugnacité lui permit d'importer en France la technologie anglaise permettant une qualité de fonte des canons nettement supérieure à celle en cours sur notre sol. De toutes ses démarches allait naître une vocation nouvelle pour Indret.

Tout était donc à créer sur cette île perdue au milieu de la Loire. Aménagement du site, implantation des bâtiments nécessaires à cette nouvelle technique allaient créer cette nouvelle fonderie de canons qui devait faire connaître à Indret un essor industriel phénoménal.

On fit alors appel à un célèbre fondeur anglais Wilkinson pour installer cette nouvelle usine. Celui-ci, une fois ses travaux terminés partira pour d'autres horizons sous les cieux de France. Il fut évidemment remplacé par d'autres personnes qui, toutes, contribuèrent au succès de l'entreprise même si les débuts furent difficiles. Ainsi devant l'importance que prit Indret, le Roi transforma cette usine dont la renommée dépassait déjà les frontières en manufacture royale .

L'implantation des divers ateliers sur le site ne fut pas toujours exempte de difficultés. Il en fut ainsi notamment de la forerie qui fonctionna tant bien que mal durant 50 ans. Ce bâtiment connut un destin assez particulier puisque d'atelier à forer les canons, il devint lieu de culte une vingtaine d'années après sa cessation d'activité industrielle.

Ce déclin fut une conséquence de l'aménagement des digues dont la finalité d'origine se trouvait être incompatible avec l'aménagement qui sera effectué lors de création de la fonderie de canons.

Mais cette forerie dut être suppléée dès le départ par un manège à chevaux car la forerie hydraulique ne put se construire aussi vite que la fonderie. Par ailleurs, elle montra très vite ses insuffisances du fait de cette erreur d'appréciation sur les fonctionnalités du site hydraulique. Une forerie à vapeur dut l'épauler qui présentait l'énorme avantage de disposer d'une autonomie d'énergie non sujette aux aléas d'un fleuve.

Si Indret eut très vite une notoriété importante, elle le dut non seulement aux techniques nouvelles importées telle celle de voies ferrées mais également aux recherches qu'elle effectua pour améliorer ses productions. Ces dernières attribuèrent au site une sensibilité particulière qui se manifesta à plusieurs reprises lors de cette période sensible (Révolution, Empire, Royauté). Un lieu aussi stratégique devait être entouré de précautions.

Cette implantation dans la région ne se passa non plus sans quelques frictions avec le voisinage qu'il s'agisse de la population locale ou des seigneurs locaux. L'administration de la fonderie qui assurait de bonnes conditions sociales (pour l'époque) ne fut pas non plus exempte de grippage dans ses rouages. En témoigne ainsi cette affaire de canonniers.

Enfin, il paraît difficile d'évoquer les débuts de cette usine sans mentionner un homme qui la dirigea pendant une vingtaine d'années non sans s'attirer d'ailleurs l'inimitié de bon nombre de ses contemporains. Il s'appelait : François Demangeat.

Bonne lecture